Le destin géologique, ici, n’explique pas tout. Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, et même avant, alors qu’il était maire d’Istanbul, mégalopole bâtie sur une faille tectonique, Recep Tayyip Erdogan a fait de la spéculation immobilière l’un des moteurs de son modèle. de développement. En 2013, il réprime impitoyablement le soulèvement du parc de Gezi qui remet en cause ce choix politique structurant. Les islamo-hommes d’affaires de l’AKP sont liés depuis longtemps aux magnats du BTP, à tous les niveaux politiques, par des intrus et des intérêts juteux entremêlés. Au mépris du patrimoine, de l’environnement, des règles de sécurité. L’urbanisme néolibéral défigure, découd et déshumanise les villes partout ; il offre aux promoteurs des veines intarissables de profits faciles ; cela augmente la corruption. Dans l’une des zones sismiques les plus actives au monde, il met en danger d’innombrables vies humaines.
En 2019, en guise de cadeau de campagne électorale, Recep Tayyip Erdogan est allé jusqu’à faire voter une loi d’amnistie en faveur des promoteurs ayant fait construire des immeubles non conformes aux normes antisismiques. Le gouvernement turc se précipite maintenant pour traquer quelques entrepreneurs véreux dont les bâtiments se sont effondrés comme des châteaux de cartes. Pour mieux oublier sa responsabilité écrasante dans le sacrifice de dizaines de milliers de vies ensevelies sous les décombres.
